Le hasard a voulu que le même jour je m'intéresse à un livre et que je sois informé que les auteurs de ce livre faisaient une conférence le soir sur son contenu. Une bonne façon d'apprécier un livre qui, de prime abord, semble assez théorique et rébarbatif : La Nouvelle Raison du Monde.
Le sujet : le néolibéralisme, qu'il faut penser sérieusement (appel que lancent les auteurs) et dont il faut prendre conscience des nouvelles subjectivités qu'il met en place dans nos sociétés. Je vous donne les principaux points que j'ai retenu de cette conférence, très intéressante (Pierre Dardot m'a impressionné de clareté), qui s'est tenue dans le 14ème arrondissement de paris, lundi 18 mai.
Il ne faut pas confondre néolibéralise et libéralisme (ce qui revient à confondre une plante avec un rocher).Le néolibéralisme, au delà d'une doctrine, est un système de normes qui commande les pratiques de la société : aussi bien ceux qui gouvernent que ceux qui sont gouvernés. Le gouvernement est dès lors moins une institution qu'une activité. Le néolibéralisme noue le gouvernement des hommes par d'autres hommes et le gouvernement de chacun par chacun, pour proposer un gouvernement des autres par la manière de se gouverner soi (et là, on raccroche tout de suite toutes les idées développées dans le manuel du parfait manager).
Le Néolibéralisme pose l'intervention du gouvernement comme un levier des transformations nécessaires pour diffuser ses normes... car l'obectif est de conduire la conduite des hommes. 4 points spécifiques à avoir en tête :
- Le Néolibéralisme assume que le Marché n'est pas une réalité naturelle : il est à construire. La mise en place (ou la création) et l'entretien des Marchés nécessite une intervention massive de l'Etat. C'est aussi à l'état d'intervenir pour protéger les sociétés des dérives des Marchés (et là, il n'y a pas de situation plus actuelle...)
- La norme : la concurrence. C'est l'essence du Marché.
- L'état doit s'appliquer à lui même la norme de la concurrence, et il ne doit pas se contenter de la faire appliquer. Suivez mon regard vers la DGME (Direction Générale de la Modernisation de l'Etat), bras armé de cette démarche de modernisation. L'idéal est donc une société de droit privé, avec un droit public vidé au maximum de sa substence.
- L'état, avec les acteurs de la gouvernance mondiale (Davos ?) doit veiller à prolonger cette logique à l'individu :
- Rapports entre individus
- Rapports de chaque individu à lui même
Et c'est sur ce dernier point que les perspectives s'obscurcices sèrieusement. En effet, le principe déployé par le néolibéralisme est de dire que les individus peuvent être contraints par des situations qui permettent la contrainte des pratiques, via les subjectivités diffusées. Illustration concrête, une citation à propos de Margaret Thatcher : "L'économie est la méthode. L'objectif, c'est le coeur, l'âme."
Le néolibéralisme pousse la construction d'un individu pour obtenir un individu-entreprise. Or comme l'entreprise est un espace de concurrence et d'évaluation, les mêmes principes s'appliquent à chacun. Au final, il n'y a plus de limite temporelle ou spatiale. L'individu est flexible, disponible qui doit, de manière "normale", se dépasser constamment dans son boulot. Il suffit de jetter un coup d'oeuil sur les relations entre cadres dans les grandes entreprises pour comprendre tout de suite de quoi l'on parle.
La conférence s'arrête là où les choses deveinnement intéressantes : la résistance par rapport aux subjectivités diffusées par la généralisation de la pensée néolibérale. Pas de méthode, mais des nouvelles pratiques à inventer. Intéressant ! Affaire à suivre...
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