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Le chien et le frisbee : faire simple quand c'est trop compliqué

C'est un peu une parabole que je reprends ici suite au discours de Andrew G. Haldane (Directeur de la Banque d'Angleterre), fin août 2012. Le principe : quand la situation est trop complexe pour être abordée dans tous ses détails, quelques règles simples peuvent permettre de la piloter et d'atteindre ses objectifs. Au lieu de se noyer dans le détail, il est bon de ne pas l'oublier.

En illustration, ou plus exactement en préambule de son exposé sur la problématique de la supervision des activités financières, il nous donne l'histoire du chien et du frisbee. Question : comment savoir où se placer pour attraper un frisbee qui vient d'être lancé ?

Solution 1 : celle qui n'en finit pas, ou qui espère trouver une fois le frisbee à terre.

• Prendre toutes les données physiques du problème et poser les équations
• Procéder aux estimations scientifiques relatives à la mécanique des fluidespour estimer les impacts du vent sur la trajectoiredu frisbee
• Calculer. Vite.

Solution 2 : avoir une solution pour attraperle frisbee dans 95% des cas.

• Faire comme son chien.

Et que fait-il ? Il se déplace en gardant constant son angle de vu avecle frisbee. Quand on n'a pas de tête on a des jambes ? Certe, mais au moinsle frisbee est attrappé avant de toucher le sol.

Ce qui est un bon parallèle avec la supervision financière et la prévention des crises. Pour le détail de cette historie, volet régulation financière, se reporter à la synthèse du BIS.

La nouvelle raison du monde - retour sur une conférence des auteurs

Le hasard a voulu que le même jour je m'intéresse à un livre et que je sois informé que les auteurs de ce livre faisaient une conférence le soir sur son contenu. Une bonne façon d'apprécier un livre qui, de prime abord, semble assez théorique et rébarbatif : La Nouvelle Raison du Monde.

Le sujet : le néolibéralisme, qu'il faut penser sérieusement (appel que lancent les auteurs) et dont il faut prendre conscience des nouvelles subjectivités qu'il met en place dans nos sociétés. Je vous donne les principaux points que j'ai retenu de cette conférence, très intéressante (Pierre Dardot m'a impressionné de clareté), qui s'est tenue dans le 14ème arrondissement de paris, lundi 18 mai.

Il ne faut pas confondre néolibéralise et libéralisme (ce qui revient à confondre une plante avec un rocher).Le néolibéralisme, au delà d'une doctrine, est un système de normes qui commande les pratiques de la société : aussi bien ceux qui gouvernent que ceux qui sont gouvernés. Le gouvernement est dès lors moins une institution qu'une activité. Le néolibéralisme noue le gouvernement des hommes par d'autres hommes et le gouvernement de chacun par chacun, pour proposer un gouvernement des autres par la manière de se gouverner soi (et là, on raccroche tout de suite toutes les idées développées dans le manuel du parfait manager).

Le Néolibéralisme pose l'intervention du gouvernement comme un levier des transformations nécessaires pour diffuser ses normes... car l'obectif est de conduire la conduite des hommes. 4 points spécifiques à avoir en tête :

1. Le Néolibéralisme assume que le Marché n'est pas une réalité naturelle : il est à construire. La mise en place (ou la création) et l'entretien des Marchés nécessite une intervention massive de l'Etat. C'est aussi à l'état d'intervenir pour protéger les sociétés des dérives des Marchés (et là, il n'y a pas de situation plus actuelle...)
2. La norme : la concurrence. C'est l'essence du Marché.
3. L'état doit s'appliquer à lui même la norme de la concurrence, et il ne doit pas se contenter de la faire appliquer. Suivez mon regard vers la DGME (Direction Générale de la Modernisation de l'Etat), bras armé de cette démarche de modernisation. L'idéal est donc une société de droit privé, avec un droit public vidé au maximum de sa substence.
4. L'état, avec les acteurs de la gouvernance mondiale (Davos ?) doit veiller à prolonger cette logique à l'individu :
   1. Rapports entre individus
   2. Rapports de chaque individu à lui même

Et c'est sur ce dernier point que les perspectives s'obscurcices sèrieusement. En effet, le principe déployé par le néolibéralisme est de dire que les individus peuvent être contraints par des situations qui permettent la contrainte des pratiques, via les subjectivités diffusées. Illustration concrête, une citation à propos de Margaret Thatcher : "L'économie est la méthode. L'objectif, c'est le coeur, l'âme."

Le néolibéralisme pousse la construction d'un individu pour obtenir un individu-entreprise.  Or comme l'entreprise est un espace de concurrence et d'évaluation, les mêmes principes s'appliquent à chacun. Au final, il n'y a plus de limite temporelle ou spatiale. L'individu est flexible, disponible qui doit, de manière "normale", se dépasser constamment dans son boulot. Il suffit de jetter un coup d'oeuil sur les relations entre cadres dans les grandes entreprises pour comprendre tout de suite de quoi l'on parle.

La conférence s'arrête là où les choses deveinnement intéressantes : la résistance par rapport aux subjectivités diffusées par la généralisation de la pensée néolibérale. Pas de méthode, mais des nouvelles pratiques à inventer. Intéressant ! Affaire à suivre...

Les indiscrétions du suivi des modifications de Word

Au hasard d'une recherche d'informations sur internet, avec mon ami google, je tombe sur deux versions d'un même document : le .pdf officiellement publié et le document word qui a servi de document de travail. Un bon exemple des indiscrétions de Word.

Les gens oublient (et le plus souvent ne savent pas) que les documents Word ne sont pas dans un format fait pour la diffusion d'information. Qui n'a pas rencontré de problème d'affichage : le destinataire d'un document word ne disposant pas des mêmes polices ou versions de logiciels, son rendu n'avait que peu à voir avec le votre ? Ceux qui ont dû un jour insérer de la phonétique dans un doc (via une police spéciale) doivent tout particulièrement s'en souvenir !

Pour rappel PDF = Portable Document Format.

Donc deux versions :

A gauche le document officiel en .pdf, bénéficiant d'une mise en page aboutie. A droite le document de travai en .doc, au même niveau de texte. Pas de révélations extraordinaire, si ce n'est que l'on constate que le document est un rafraichissement des données actualisées d'une plus ancienne note.

Quelques enseignements tout de même :

• Le rédacteur de cette note est Sébastien DAVOUS, de la société Sofred Consultants ; elle a été retouchée par Sophie NORMAND. Le document final (pdf) est signé, officiellement, par Jean-Noël FRUQUIERE.
• Le document final est estampillé "DRIRE", donc un document de l'administration française. Or la version de travail est disponible sur le site developper-votre-entreprise.org, un site dont le nom de domaine a été déposé par Stéphane GOUBET.
• Des documents intéressants sont aussi disponibles si l'on parcourt le reste de l'arborescence du site, en particulier dans ce coin là.

Et pour couronner le tout, c'est bien sûr la version de travail qui est mieux référencée par google que la version définitive :

Mur anti bruit : le green permet de resservir une vielle recette

Un petit article du Point du 8 janvier m'a amusé : une société française (Sonniveg) y est encensée pour commercialiser un mur anti bruit "durable" et "vert" pour remplacer ces immondes murs en béton qui ont poussé un peu partout ces 40 dernières années un mur d'arbre.

Le côté novateur (au bord du révolutionnaire) m'échappe. Certainement parce que j'ai eu l'occasion avant mes quinze ans de visiter le radio télescope de Nançay (centre de la France), fruit de la politique de développement industriel de De Gaulle. Ce site original est constitué d'une multitude de radars pointés vers le ciel, dont un remarquable car particulièrement imposant (je mets les dimensions quand je les retrouve). Or, pour avoir la moindre chance de percevoir les ondes venues de l'espace, ce site a besoin d'un isolement sonore complet, bref d'un mur anti bruit performant. Les radio télescopes sont ainsi entourés d'arbres, simplement parce qu'un alignement sur quelques rangées et avec le bon décalage sont parfaits - explication fournie par un scientifique sur place.

Les vielles recettes seraient-elles les meilleures ? Point intéressant de l'article : l'enrobage commercial, consistant à vendre un mur de plusieurs essences d'arbres comme une double révolution. Au moins, ce sont des "nouveautés" qui me plaisent.

Remarque : la mise en oeuvre concrête de cette solution en milieu urbain (là où on aimerait voir des arbres plutôt que des plaques de béton) est sérieusement mis en doute par des commentaires de cette article, cf. les réactions à l'article du point.

Vous avez dit idée cadeau originale ?

 

Les cartes cadeaux fleurissent depuis déjà un certain temps. Mais là, casa a de l'humour en présentant sa carte comme " un cadeau original". Utile, pourquoi pas, permettant d'éviter les doublons inutiles et ambarassants dans les cadeaux, aussi. Mais original, surtout pas. Mais est-ce que certains le pense vraiment ?

incarcération sur ordonnance : il vaut mieux prévenir que guérir

Comme toute loi imprégnée de passion et non de raison, la loi sur la rétention de sureté (du 25 février 2008) est un premier pas engagé sur un pente glissante : le médecin-policier.

Comme souvent, le décret d'application (Téléchargement du décret) est instructif. Il comporte trois volets, sur l'entrée, les soins et la sortie de détention :

1. Décisions d’irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental
2. Conséquences des refus de soins en matière de crédit de réduction de peine et de réduction supplémentaire de peine
3. Avis obligatoire de la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté en cas de libération conditionnelle des personnes condamnées à la réclusion criminelle à perpétuité

C'est bien le troisième point qui "collait à l'actualité", et que certains média ont soutenu avec des affaires dramatiques (en particulier le meurtre du "petit Valentin par deux psychopates", article), en cultivant un climat de peur. Il s'agit d'ajouter un étage supplémentaire dans le processus de décision de libération d'un détenu.

Le premier point pose le problème de la décision d'incarcérer dans des établissements spécialisés, sous le motif de dangerosité, une personne qui a purgé sa peine. Et ce, suite à un diagnostic d'un psychiatre qui se doit ainsi de considérer les statistiques (taux de récidive) et non uniquement le dossier médical et son analyse. La loi met le médecin face à la clameur publique, poussée par la passion de faits divers horribles. Pour être tranquille, son meilleur choix est donc le tout répressif : personne ne sort, sauf le cas extrême.

Tout celà est génant :

• Sur les acteurs : le médecin, seul, établit un diagnostique qui revient à prononcer une sentence
• Sur le principe : personne ne sort !
• Sur les rapports de force : le médecin coupable si récidive, et non le politique vis-à-vis de sa gestion des individus par la société qu'il organise.

L'équilibre entre lutte contre la récidive criminelle et liberté individuelle est un sujet sensible. Quel que soit le crime, un violeur, tueur, ou autre massacreur est à priver de liberté pour nous protéger et à prendre en charge pour le protéger. Mais c'est à la société d'assumer ce point (privation et prise en charge), avec l'aide de professionnels.

Un décret plus précis a été publié début novembre (lien) donnant des précisions sur les procédures concernant la rétention de sureté, la surveillance de sureté et le médecin coordonnateur.

S'il y aura toujours des histoires de psychopathes qui massacrent sur pulsion, il y aura toujours des médecins, pire des politiques, qui abuseront de cette possibilité d'enfermer une personne "sur ordonnance".

La communauté des psychiatres s'en émeut et tente de faire sortir le débat du cercle des experts... car il nous concerne tous. Le curseur de la loi est bien au niveau des criminels condamnés pour des peines lourdes (plus de 15 ans pour des actes précis), mais elle introduit un mode de fonctionnement dérengeant.
Une pétition pour dénoncer l'orientation que donne cette loi à la pratique de la médecine.